Quoi de plus beau de vivre dans un monde fait de choses transparentes ? L'Art, la musique, l'écriture, la littérature, le cinéma, la photographie sont là pour éclairer l'avenir, alors profitons en et vivons pleinement notre vie !

*Sauf mention contraire, les photos et les textes sont de moi, merci de respecter les droits d'auteur et de ne pas les voler.*

dimanche 22 décembre 2013

jeudi 2 août 2012

L'avion

vue de la place assise 22A

Hier, j'ai pris l'avion. Vous savez ce qu'est l'avion. Un engin lourd et encombrant qui vole dans les airs, avec des ailes, vous savez. L'avion était petit. D'une taille plus petite qu'un avion qui fait quatorze heures de vol, comme pour aller au Chili. L'avion était plus petit car il faisait deux heures. Deux heures seulement de vols, pour aller d'Espagne à Paris, pour rentrer dans ce pays qui s'appelle la France et qui est le mien de pays, aussi le votre sûrement car sinon vous ne lirez pas ceci, à moins que vous êtes un étranger, ou une étrangère, qui parle français. Ceci n'est pas le problème. Il n'y a pas de problèmes d'ailleurs. Je veux juste vous dire que hier, j'ai pris l'avion, et que l'avion était petit. Rien d'anormal. C'est étrange de prendre l'avion. Enfin, je dis ça, mais ce n'est pas la première fois que je prend l'avion. C'est néanmoins la première fois que je prend l'avion toute seule. Et vraiment toute seule, car pour aller au Chili nous étions deux pour faire quatorze heures de vol. Donc, moi, Rosedray, dix-sept ans - car oui, j'ai dix-sept ans, je vieilli - hier, j'ai pris l'avion toute seule pour deux heures de vol. Voilà. C'est tout ce que je voulais dire.
C'est magique l'avion. Quand on prend l'avion, même si c'est juste pour deux heures, on a l'impression de voyager. C'est vrai en un sens, on voyage, je ne dis pas le contraire, on sort d'Espagne et de ce fait, on voyage dans un avion plein d'Espagnols, et de Français et d'autres gens aussi, des étrangers, des qui parlent des langues différentes. 
Et pour deux heures, vous allez me dire, pourquoi je n'ai pas pris le train, juste pour deux heures ? Il parait que c'était moins compliqué de voler dans les airs et que ça revenait moins cher en plus pour le trajet. Autant en profiter. L'avion, c'est chouette.
J'adore l'avion.
Même si je flippe un peu, même si dans ma tête je ne peux m'empêcher de me dire "mais si...". 
"Mais si", en fin de compten'arrive jamais. Savez-vous qu'il y a plus d'accidents de voitures que d'avions ? Alors, mesdames et messieurs, pas de quoi s'alarmer, on a peur de l'avion car un avion ça vole, un avion ça n'est pas a terre - sauf au départ bien sûr - un avion, ça n'a pas cette stabilité ou cette abstraction terrestre, je ne sais quoi, qu'on connaît par notre habitude de marcher sur la terre. C'est une histoire d'habitude, voilà tout. Alors moi, l'avion, j'aime bien, même si je détourne toujours le regard quand la gentille hôtesse de l'air fait sa démonstration ridicule avec ses bras en enfilant le gilet de sauvetage, puis en montrant les masques d'oxygènes puis leur emplacement, pour montrer comment il faut faire en cas d'accidents. Moi, à force de ne pas regarder pour ne pas penser à la catastrophe qui pourrait bien arriver, je ne serais jamais.
Alors je regarde le paysage. C'est ça que j'aime bien dans l'avion en fait, le paysage, l'ambiance, le dépaysement du voyage. Par chance, j'étais situé à côté d'un hublot, si bien que je pouvais contempler le paysage à ma guise, et si je le contemplait trop longtemps, mon cou s'alarmait de petites douleurs à force de rester dans la même position. C'est féerique de regarder le paysage. Les petites maisons qui s'éloignent au fur et à mesure qu'on prend de l'altitude, les nuages qui grossissent et qui forment une mer dans l'immensité du ciel. Bien sûr, de temps en temps, il n'y a que le ciel, c'est bien ennuyeux le ciel quand il n'y a rien d'autre. Alors de temps en temps je faisais des poses, pour mon cou et pour mes yeux. J'avais la chance que mon avion, pendant ces deux heures de vols, ne quittait presque pas la terre, je veux dire par là que nous avons vu la mer, mais seulement très peu. Les nuages, le ciel, les maisons, les immeubles et toutes choses qui peuplent notre terre, apparaissaient et disparaissaient quand l'avion se reprochait de la terre. On aurait dit, semble-t-il, un immense monde en miniature, avec ses maisons de poupées et ses arbres en plastiques. On aurait presque pu croire qu'un géant viendrait saccager toute cette fragilité de ses grands pas de géants, l'avion si petit par rapport à la grandeur de l'homme. Bien sûr, ceci ne se fit point, il faut être fou pour croire un truc pareil.
Au lieu de cela, l'avion continuait sa course jusqu'à redescendre dans ce qui se nomme Paris.

Le Carnet d'or

Le Carnet d'or

"Toi et moi, Ella, nous sommes des ratés. Nous passons notre vie à lutter contre des gens à peine plus sots que nous pour leur faire admettre des vérités que les grands esprits ont toujours connues - ils ont su depuis des milliers d'années qu'on aggrave l'état d'un homme malade si on le confine en isolement total. Ils ont su depuis des milliers d'années qu'un homme terrorisé par son propriétaire et par la police est un esclave. Ils l'ont su. Nous le savons. Mais la grande masse éclairée du peuple britannique le sait-elle ? Non. Notre tâche, à toi et à moi, consiste à le leur dire. Car les grands esprits sont trop grands pour qu'on les dérange. Ils sont déjà en train de découvrir comment coloniser Vénus et irriguer la lune. C'est cela qui compte, à notre époque. Toi et moi, nous sommes des pousseurs de rochers. Toute notre vie, toi et moi, nous consacreront notre énergie et tous nos talents à pousser un gros rocher jusqu'au sommet de la montagne."

Extrait "Le Carnet d'or" de Doris Lessing


vendredi 6 juillet 2012

Le goût du train


Je me suis dit que dans le train, il fallait toujours écrire. Comme ça c'est plus facile pour la pensée, quand le paysage défile par la vitre défraîchie et que les anges passent à toute allure devant nos yeux. Nos oreilles sont transportées par du rap qui vrille à l'intérieur de nous et le simple fait d'écrire dans le train est toujours bien, ça bouscule le papier qui percute des mots pas droits et ça permet de ne pas penser. Ne pas penser signifie être bien, la tête désencombrée de toutes pensées toxiques qui nous rappellent le pessimisme de la vie. Alors pour oublier cet encombrement de l'esprit, on écrit, on se sent mieux après, on passe le temps inutilisé à l'écriture de mots qui n'ont pas d'importance. Je me suis promis d'écrire à chaque fois que je prend le train, un peu, et comme ça à la fin, peut-être, j'aurais un carnet de train. Combien de fois les gens voyagent-ils dans leur vie ?
Il n'y a pas beaucoup de monde dans le train. Je dis par là qu'il y a des gens, mais avec des sièges vides dont celui qui se trouve à mes côtés. Les gens partent en vacances et le monde tourne au ralenti, chapeaux, shorts, lunettes de soleil et enfants qui braillent dans tous les sens, le monde est terrifiant. Heureusement, il y a L'Impossible, ce petit journal indépendant, qui parle de littérature et de politique, et d'autres choses aussi, où même Christian Bobin publie un petit texte parlant d'un merle au bec orange. Le monde est incroyable. On y croise des génies. Tiens, par exemple, cette personne, un adulte, qui m'a dit que j'allais devenir un grand écrivain, sans même me connaître, sans même savoir les mots que j'écris. Il regarde, il sourit, il est éberlué je pense. On y croise parfois des anges dans ce vaste monde - faute de mieux. Christian Bobin, dans la fraîcheur pâle de ses mots, m'a écrit. Enfin, il a répondu à ma lettre, parfumée d'admiration. Il m'a écrit et ses mots sont venus une semaine plus tard, posés à la va vite sur deux feuilles de papier A4 non recto verso, des grosses lettres qui prennent toute la place, une écriture imposante et noire, noirs les mots écrits au gros feutre noir, la couleur je veux dire. La petite fille penche sa tête par dessus le dossier du siège. Je ne l'ai pas vu me regarder, je lève la tête, je croise ses grands yeux de petite fille, je lui sourit, la mère rouspète, des mots que je n'entend pas, faute de quoi j'ai de la musique dans les oreilles. Quelqu'un parle dans le micro, la voix annonce les correspondances puis elle nous remercie de notre attention. La petite fille, dans le silence berçant du train, lance un grand "d'accord" dans son âge d'insouciance. Quelques personnes rigolent, je sourit. La vie est pathétique. La vie est drôle parfois. Il vaut mieux, il est bon qu'il y est de la fraîcheur, sinon on meurt, c'est aussi simple que ça.
Prendre le train est nécessaire. On s'y assoit, sur l'un de ses sièges bleus confortables situés en deuxième classe, et on attend. C'est aussi simple que ça. La nécessité de prendre le train est importante. C'est un temps qu'on ne peut trouver nul part ailleurs. Un temps nécessaire à la survie des êtres, car notre existence, à ce moment là, s'est ralenti. Alors chacun vit ce temps cloîtré pour une durée indéterminée, de manières différentes mais pourtant pas si individuelles. Tout le monde lit dans le train, écoute de la musique, dort ou regarde par la fenêtre sans rien faire. Tout le monde, un jour ou l'autre, à déjà mangé dans le train ou rouspété à vive voix ou intérieurement face à une personne quelconque qui parle fort. Tout le monde, un jour ou l'autre, à déjà éprouvé la satisfaction que personne ne réside sur le siège à nos côtés. Pourtant, vivre dans le train a quelque chose de personnel. Être face à nous même est une épreuve individuelle. Mais est-ce que tout le monde a déjà écrit dans le train ? Les écrivains, sûrement, sur papier ou face à leur écran d'ordinateur qui ne bouge pas d'un poil, lui.
Je dois être folle. Les gens doivent se demander ce que j'ai à écrire frénétiquement, sur du papier en plus, pas moderne celle-là...
Les gens lisent, dorment en pétant et pètent en dormant mais dans le train, ils n'écrivent pas. A-t-on déjà vu des personnes courbées sur leur feuilles, balançant toutes leur tripes frénétiquement sans aucune tenue, la bave coulant de leur lèvres, pris d'impulsions face à l'inspiration. Les gens qui écrivent sont fous. On peut donc dire que tous les écrivains sont fous. La vie est comme ça, triste à en mourir et remplie de fous furieux.
J'aime prendre le train. Atténuer ces heures qui passent au même rythme que l'engin dans lequel je suis.
Cette euphorie du train, malgré mon habitude de ses transports à rails, ne s'effiloche toujours pas.

mercredi 27 juin 2012

Masculin Féminin

 Chantal Goya dans Masculin Féminin de Jean-Luc Godard


- Regardez-moi dans les yeux. A quoi vous pensez, là en ce moment, quand vous êtes en train de me regarder ? Regardez-moi.
- Ben à rien !
- Comment à rien, vous êtes bien obligé de penser à quelque chose, on pense toujours à quelque chose, là, quand vous me regarder.
- Ben je vous regarde.
- Là, toute suite, mais à quoi vous pensez, là, comme ça ?
- Et ben...
- Oui ?
- C'est quoi pour vous le centre du monde ?
- Le centre du monde ?
- Oui.
- C'est drôle, enfin on s'est jamais parlé, la première fois qu'on se parle vous posez des questions étonnantes.
- Non moi je trouve que c'est une question normale.
- C'est vrai.
- Allez, répondez-moi.
- Comme ça, l'amour je trouve.
- C'est drôle, moi je vous aurait dit, moi. Ça vous semble étrange ? Vous ne pensez pas que vous êtes le centre du monde ?
- D'une certaine manière, oui bien sûr.
- De quelle manière ?
- Comme ça, de vivre, d'être, de voir avec ses propres yeux, de parler avec sa propre bouche. De penser avec sa propre tête.
- Qu'est ce que vous pensez quand on vit tout seul, sans arrêt tout seul ?
- Non je crois que c'est pas possible, comme ça, non c'est pas possible, je veux dire on peut pas vivre, c'est ce que je disais, comme ça, sans tendresse, y'a de quoi se flinguer.
- Regardez-moi dans les yeux. Si je vous dit un jour que peut-être je vous aimerais ? Ça vous ferait plaisir ?
- Bien sûr que ça me ferait plaisir. Bien sûr."

 Masculin Féminin de Jean-Luc Godard

samedi 23 juin 2012

Au bord des tréfonds




Laisser sa place au temps. De rien faire. Ne rien tenter. Se laisser embarquer par la vie trop fluide qui valse dans nos bras. Exister. Exister sans rien faire, sans rien dire, juste rester présente à l'égard des autres. Mais les autres meurent, disparaissant quand on n'est plus là et viennent se morfondre dans un trou sans fond. Les autres n'ont pas besoin de notre solitude. Notre solitude n'a pas besoin des autres. Alors nous nous retrouvons seul. Seul en face du monde qui nous crie à l'aide de le laisser tranquille, de se trouver autre chose qu'une solitude funambulaire. Il n'est pas bon de rester trop en équilibre sur la vie. Elle est fluide, on peut s'y égarer sans peine quand on ne connait pas les ficelles du monde. Alors, inévitablement, on se noie. Dans l'abîme sans fin de l'existence humaine où l'on trouve cette suffisance extrême existant seulement au bord des tréfonds. Il suffit de presque rien. Juste d'une imagination incomparable à celle des autres.

mardi 5 juin 2012

De temps en temps, comme ça, je me fais des semaines cinéma

Moonrise Kingdom

Je ne sais pas pourquoi, je n'arrive plus à faire de critique sur mon blog de La dévoreuse de livres mais il y a  une chose que j'aimerais vous dire : il FAUT absolument aller voir Moonrise Kingdom, si ce n'est que pour les superbes images et les couleurs de ce film. Vous n'en reviendrez pas indem. 


De rouille et d'os

Il faut aussi aller voir De rouille et d'os, de Jacques Audiard, et Cosmopolis de David Cronenberg. Vous n'en reviendrez pas indem non plus, c'est autre chose, ils sont si différent les uns des autres ces trois là, mais allez les voir juste pour me faire plaisir !


Cosmopolis


A Dangerous Method également de David Cronenberg est aussi un beau chef-d'oeuvre.

A Dangerous Method


La cité des enfants perdus de Jean-Pierre Jeunet est tout autre chose, il date de 1995 celui-là contrairement aux autres ci-dessus qui sont en ce moment au cinéma.

La cité des enfants perdus

Bons films !